jeudi 18 juillet 2013

Le premier trimestre


Les nausées
Tu te souviens, j'étais angoissée de n'avoir pas de nausées alors qu'on vérifiait la positivité de mon test.
Ce jour là, j'aurais mieux fait de me planter une fourchette dans la langue et de la tourner comme si j'enroulais 25 spaghettis glissants à la carbonara...

Comme je le disais dans mon précédent article, ces joyeusetés ont commencé le 20 novembre 2012, soit à 4 semaines de grossesse.
Pas les « gentilles » nausées qui te prennent le matin, te font gerber un coup puis ça va mieux jusqu'au lendemain matin. Non. Celles qui te prennent dès le réveil, jusqu'à ce que tu arrives à t'endormir péniblement le soir. Au début, tu tiens le choc, c'est quand ça s'installe sur la durée que tu commences à déprimer sérieusement...


Mon nouvel ami


Heureusement, tout le monde n'a pas droit à ce grand bonheur, cette joie intense de sentir passer les aliments une fois, puis repasser à toute allure dans l'autre sens. Parce que oui, c'est bien connu, tout le monde adore vomir.

Comme si ça ne suffisait pas, j'ai eu l'immense privilège de vivre ces folles années d'adolescence et de puberté qui m'avaient épargnées à l'époque, en arborant fièrement de magnifiques boutons d'acné bien rouges et bien douloureux sur ma face ! Je ne pouvais décemment pas mourir sans avoir vécu ça au moins une fois dans ma vie. J'ai découvert avec joie que le packaging de l'Eau Précieuse n'avait pas changé depuis 10 ans.




Puis, avec ce joli paquet cadeau, faut que t'ailles bosser, l'air de rien, avec ta tronche de zombie purulent. Une journée en voiture, un moteur qui broute, une odeur d'escargot moisi dans la clim, un collègue qui pue le kebab-frites avec lequel tu dois rester 4h non stop... Le paradis ! J'ai bien cru plus d'une fois que j'allais crever !
Mais il faut rester digne. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est bien trop tôt pour l'annoncer.

La grossesse c'est ce qu'il peut arriver de plus beau dans la vie d'une femme. C'est ce que l'on lit absolument partout.
Présentement, alors que t'es en train de regarder éperdument le fond de la cuvette des WC à te demander si oui ou non tu vas vomir ton Kiri, unique « repas » de la journée, t'as du mal à visualiser LE bonheur... Sauf si bien entendu, ta vie d'avant c'était encore pire, genre une prostituée bulgare sans nichons retenue en otage en Afghanistan par un terroriste pervers.

En fait, ce premier trimestre, c'était comme une gueule de bois carabinée pendant 1 mois et demi alors que t'as même pas bu. La bonne gueule de bois qui te fait dire le lendemain matin que c'était la dernière fois que tu buvais une goutte d'alcool de ta vie !




Ca a duré jusqu'au 6 janvier 2013. Soit quasiment jusqu'à 11 semaines de grossesse, soit pendant 7 semaines au total (BORDEL !!!!) ! Oui, j'ai absolument tout noté comme une acharnée dans mon Filofax...
7 semaines où je me suis nourrie exclusivement d'Oasis à l'orange, de Kiri, de Petits Filous, de clémentines et de kiwis. Autant te dire que j'ai perdu 4kg.




L'annonce au boulot
Elle a devancé l'annonce à la famille. Vu ma tronche de cadavre qui se décomposait chaque jour d'avantage, je n'avais d'autre choix que de l'annoncer assez rapidement. A 8 semaines de grossesse, j'ai donc divulgué la nouvelle à mes supérieurs hiérarchiques, en dépit de mes appréhensions... Contre toute attente, un vent de réjouissances a traversé la pièce. J'étais tellement détendue et soulagée que j'ai failli lâcher une caisse que j'ai failli pleurer. C'est bon, ils savaient et en plus ils étaient sincèrement contents pour moi.
J'allais pouvoir remonter en voiture sereinement en sortant la tête par la fenêtre, langue dehors, sans me justifier. Oui, les nausées.




L'annonce à la famille
L'Homme et moi (enfin surtout moi), voulions attendre 3 mois avant d'annoncer la nouvelle à la famille, une fois les risques du premier trimestre écartés. Sauf que les fêtes de Noël approchant, on a pensé que ça serait sympa de leur dire au moment de l'apéritif, le 24 au soir. De plus, ça m'évitait de me justifier sur l'alcool que je ne pouvais pas boire et les aliments qui m'étaient proscris. Ça aurait forcément éveillé les soupçons.
Nous avons donc confectionné deux petits paquets cadeau contenant chacun une paire de chaussettes pour nouveau-né. Nous les avons remis simultanément à nos mamans, qui ne comprenaient pas grand chose à la manœuvre. Elles ont ouvert le paquet en même temps. Elles ont relevé la tête, leurs yeux se sont écarquillés, signe que l'image avait fait son effet. Elles avaient compris. Le cadeau de Noël 2012 n'allait pas être oublié de si tôt !




La première « vraie » échographie
Le 02 janvier 2013, pour fêter la nouvelle année, on retournait voir notre petit flageolet à la télévision. C'est tellement long d'une émission TV à l'autre !
Le petit haricot avait bien grandi et n'avait d'ailleurs plus sa forme légumineuse ! On pouvait déjà voir son petit profil et on était vachement rassuré sur ce coup ! Ça m'aurait fait chier de devoir l'appeler Bonduelle, Cassegrain, D'aucy, Saint Eloi ou encore Géant Vert...
Notre flageolet mesurait désormais 57 mm. Nous avons entendu son petit cœur pour la première fois, qui battait à raison de 172 fois par minute !
La prochaine émission n'allait être diffusée que le 11 mars 2013, alors on a profité de chaque seconde comme s'il s'agissait de la dernière.

Et puis la chaîne s'est brouillée. On avait déjà rendu l'antenne...



mardi 16 juillet 2013

Échographie de datation

Comme je suis une fille très obéissante, non contrariante et que le gentil docteur m'a ordonné d'effectuer une échographie de datation, me voilà partie surfer gaiement sur le site des Pages Jaunes afin de chercher un cabinet où c'est que l'on peut voir l'intérieur de toi à la télévision. 
Le mardi 20 novembre 2012, je m'arme donc de mon vieil iPhone 3GS non encore cliniquement décédé mais cérébralement en train de bouffer les pissenlits par la racine.
Rendez-vous est alors pris pour le lundi 26 novembre 2012 à 18h00.



6 jours à attendre. Raisonnablement, tu te dis que dans une vie, c'est une crotte de fourmis lilliputienne, mais sur le moment, tu te vois plutôt face à une bouse de mammouth transgénique !

6 jours qui me laissent gaiement le temps de chercher et de trouver sur le net tout ce qu'une telle échographie pourrait déceler. Une fausse couche survenue depuis la prise de sang, une grossesse extra-utérine, un œuf clair... Autant de joyeusetés qui font resurgir mes angoisses, car bien entendu, les paragraphes concernant une grossesse « normale », je ne les lis pas. Pourquoi se rassurer alors qu'on peut se provoquer un AVC en lisant 4 lignes et demi ?

Puis, moi qui m'inquiétais de n'avoir d'autres « symptômes » que l'arrêt des règles comme signe annonciateur de grossesse, j'expérimente avec joie les nausées ! Je le prends pour un bien, en me disant que c'est bien la preuve qu'il se passe quelque chose là-dedans. Maigre consolation...

Finalement, le lundi 26 novembre 2012 arrive assez vite (là en fait, je t'épargne 25 lignes de lecture inutile).
Je bois un demi-litre d'eau une demie-heure avant, comme préconisé par la secrétaire médicale lors de la prise du rendez-vous.
L'Homme et moi nous rendons au cabinet médical afin de rencontrer notre progéniture.
On m'installe sur un fauteuil-lit. Je remonte mon pull et dégrafe le premier bouton de mon pantalon. Mon ventre désespérément raplapla est à nu. Le radiologue dépose une noix d'un gel bleu translucide terriblement froid, au dessous de mon nombril (ne t'emballe pas, ceci n'est pas de la littérature érotique). Des frissons me parcourent le corps et mon cœur s'accélère. Je cherche le regard du Mâle, pour me rassurer. J'espère y trouver la confirmation que tout va bien se passer. Puis, le radiologue promène sa sonde de part et d'autre de mon bas ventre (ceci n'est toujours pas un paragraphe sessouel). Et, tout d'un coup, il se fige et échappe un « Ah ». Pendus à ses lèvres, l'Homme et moi espérons en savoir d'avantage. « Ah » quoi ?

Un embryon était bien là, implanté au creux de mon ventre. Le radiologue nous offre une vue plus rapprochée de ce petit être que nous avions eu le temps d'imaginer des dizaines de fois.
Et puis en fait, nous fîmes la rencontre d'un... Flageolet !


Un petit haricot de 5mm animé de battements cardiaques extrêmement rapides qui flotte dans une piscine privée 5 fois plus grosse que lui.

Sur le coup, on s'est quand même demandé comment il évoluerait...


Mais, malgré sa ressemblance légumesque, l'Homme et moi étions très émus de voir qu'une vie était en train de se construire. Moitié de lui, moitié de moi-même.



Alors que je ne captais plus grand chose du haut de mon nuage, le radiologue me donne du papier, pour enlever les restes de gel sur mon ventre. J'en oublie d'aller aux toilettes, bien que ma vessie soit au bord de l'explosion.

Tout guillerets, l'Homme et moi retournons en salle d'attente. Mon nom retentit entre les 4 murs et l'on me donne les premiers clichés de mon flageolet, vachement photogénique pour un haricot !
On lit alors avec joie que l'évolution est sans particularité et que l'examen confirme la date de mes dernières règles, soit le 10 octobre 2012.

A y regarder de plus près, ça ressemblerait plutôt à ça...

Considérant que l'ovulation survient généralement au 14ème jour d'un cycle de 28 jours, le début de grossesse est estimé au 24 octobre 2012Comme le Mâle et moi avions mis toutes les chances de notre côté, nous en sommes restés à cette estimation. Au 26 novembre 2012, j'en serais donc à 6 semaines et 5 jours d'aménorrhée (absence de menstruation, soit 6 SA + 5), soit 4 semaines et 5 jours de grossesse (soit 4 SG + 5).

Laisse-moi te dire que je me suis quand même posée des questions par rapport à mon taux de HCG qui me prédisait une grossesse déjà âgée de 7 à 9 semaines, contre presque 5 véritablement...
J'ai préféré poser mon cerveau plutôt que de chercher une explication pseudo scientifique inexistante ! Je me suis contentée de « je suis un puits d'hormones ».

J'ai passé le retour en voiture partie émue et béate de tout ce qui se passait, partie obsédée et persécutée par ma vessie à la limite d'éclabousser le pare-brise voire carrément tout l'habitacle du véhicule...

Enfin, un nouveau rendez-vous est pris avec mon médecin traitant le vendredi 30 novembre 2012. Il observe le compte-rendu de l'échographie le sourire aux lèvres et me confirme que le terme de ma grossesse est estimé au 24 juillet 2013. Une date qui allait maintenant nous suivre pendant près de 9 mois. Il m'annonce également que dorénavant, il passe le flambeau à un gynécologue jusqu'à la fin de cette aventure. Le rendez-vous se termine par quelque formalités médico-administratives (déclaration de grossesse...) puis par un « bonne continuation ».

L'aventure se concrétisait et commençait vraiment...


Image Lullaby



jeudi 4 juillet 2013

Positif, oui mais !

Après m'être extasiée de longs instants sur la fenêtre de lecture du stylo test, j'ai subi une descente vertigineuse digne des plus grandes montagnes russes.
Et si c'était un faux positif ?



Alors comme toute fille qui se respecte et qui excelle dans la théorie du « pourquoi » à toutes les sauces, j'ai cherché des réponses aux milles questions que je me posais. Existe-t-il des « faux positifs » ? Si j'étais vraiment enceinte, pourquoi n'ai-je d'autres symptômes que l'arrêt des règles ? Les tests de grossesse sont-ils tous fiables ? Ai-je attendu suffisamment de temps avant de réaliser ce test ? Dois-je racheter un nouveau test pour être sûre ? L'alcool a-t-il une influence sur le résultat du test ? Hum...


J'entends encore parler de HCG.
Plutôt que de me triturer le neurone à me demander kesako que ce truc, je décide enfin de me renseigner et j'apprends qu'il s'agit de l'hormone chorionique gonadotrope, laquelle est produite au cours de la grossesse, fabriquée par l'embryon peu de temps après la conception et plus tard par le trophoblaste (partie du placenta).
Vu l'état vaseux et peu fiable de ma matière grise, je comprends pas grand chose si ce n'est que cette hormone n'est présente dans tes urines que si tu as un alien en formation dans le dedans de toi-même.

Je lis aussi que les faux positifs, apparemment, ça n'existe pas. Ca me rassure, un peu.

Inévitablement, le mieux est de passer par la case prise de sang. Cette fois-ci, je ne fais pas traîner les choses. J'ai rendez-vous chez le médecin avec l'Homme le vendredi 16 novembre 2012. Le praticien est super content pour nous et en fonction de la date de mes dernières règles, il me prédit déjà le terme de ma grossesse au 24/07/2013. Mais pour lui, j'en suis probablement à un stade plus avancé.
Puis, il me prescrit une prise de sang avec des tas de trucs à rechercher dont je n'avais jamais entendu parler. Le Mâle aussi doit prêter un peu de son Graal à vampires.

J'ai pas osé lui dire que les prises de sang, chez moi, c'était limite phobique et que jusqu'à aujourd'hui, j'avais réussi à n'en faire qu'une dans ma vie.

Le gentil docteur nous parle aussi de toxoplasmose et de rubéole dont l'immunologie sera à vérifier lors de la prise de sang.
Par précaution, tu conviendras qu'en attendant les résultats, le Mâle s'est gaiement fadé la litière du chat pour éviter toute contamination au cas où je ne serais pas immunisée. Il était vraiment ravi.




Enfin, le médecin me fait également une ordonnance pour effectuer une échographie de datation, histoire d'être sûr du moment de la conception de la bête et pour voir si « tout va bien ». Je dois la faire à une certaine date qui dépendra des résultats de la prise de sang (et du fameux taux de HCG).


Oui, mon sang à moi il est rose, parce que je suis une princesse.

Toujours sans traîner, le samedi 17 novembre 2012 à l'aube, on file au laboratoire des vampires, histoire de les nourrir un peu.
Et là, je vois la dame en blouse blanche qui prend 8 flacons. Tout mon sang tombe au bout de mes orteils, puis je fais une descente d'organes. J'ai des fourmis plein les jambes, le teint aussi blanc que les dents des actrices des pubs Colgate et le regard désespérément vide. Quand la dame me demande sur un ton ironique si « ça va ? », je manque de me baver dessus.
Deux possibilités s'offrent à moi : 
- Soit je me barre en courant et je m'étale comme une huître flasque qui tombe de sa coquille sur le carrelage trop blanc pour être honnête du sanctuaire parce que mon sang et mes organes sont restés dans mes orteils 
- Soit je prends toutes les seringues présentes devant moi et je me retranche dans le coin de la pièce en menaçant de piquer quiconque ose m'approcher en hurlant « j'ai le sida, l'hépatite C et je fais du cholestérol ! », tout ça en me balançant d'avant en arrière.
En fait, je suis restée là, comme une nouille trop cuite collée sur le fauteuil de la torture. J'ai fermé les yeux, tourné la tête à l'opposé et puis elle a rempli ses 8 flacons.
C'est tout.
C'était bien la peine de faire péter le tensiomètre.
J'ai cru qu'on allait me donner à manger comme pour le don du sang, mais non. Du coup j'étais trop déçue.

L'Homme, lui, c'est un guerrier. Même pas il a eu peur. Mais c'est un petit joueur. Ils n'ont même pas rempli 4 flacons. Trop la honte !

Et là, le week-end te semble long, très long.

Lundi 19 novembre 2012, les résultats de nos prises de sang sont en ligne !
L'Homme n'est pas enceinte, mais ça, on s'en doutait.
Je lis alors tous ces chiffres, ces noms imprononçables et acronymes comme si on demandait à un gamin de deux ans de lire et de commenter les Pensées de Pascal.
Je cherche désespérément le fameux taux de HCG. Page 1, page 2, ah en bas de la page 3 le voilà. 
Je lis Beta-H.C.G. Plasmatique : 8 850 UI/L.



Là, sur le coup, ça me parle vachement.
Mais après, y'a un joli petit tableau qui en fonction du taux de HCG, détermine à quel stade de la grossesse tu en es.
En suivant les lignes avec mon doigt comme un mouflet qui relit les points numérotés d'un dessin, je constate que j'en serais à 7 voire 8 semaines de grossesse ou encore, à 8 voire 9 semaines (là y'a quand même un truc qui m'échappe dans ce tableau).




Un alien aurait donc bien élu domicile, là, à l'intérieur de moi.

J'apprends aussi que je suis immunisée contre la toxoplasmose et la rubéole. L'Homme était heureux. Fini pour lui le nettoyage des matières fécales pestilentielles de minou.
Sinon, je pense qu'il m'aurait obligé à avorter.

Je rappelle donc monsieur le docteur qui me dit que je peux prendre rendez-vous tout de suite pour l'échographie.

Je suis jouasse.



lundi 1 juillet 2013

Positif !


Comme je vous le disais donc il y a 3 mois (ouais je suis très assidue), le mâle et moi-même nous sommes prêtés à une expérience sexuelle du 15 au 24 octobre 2012 (pas qu'il s'agisse des uniques jours de notre existence où nous nous sommes activés, il a fallu de longues années d'entraînement, à blanc).

Trouvant nécessaire d'assurer la survie de notre espèce hautement développée, on a voulu apporter notre petite contribution à la planète. Nous voulions donc offrir à notre chère Terre une nouvelle bouche à nourrir, un consommateur intempestif d'eau potable supplémentaire, un soi-disant destructeur innocent de couche d'ozone, une mine d'or pour les audioprothésistes voyant débarquer de pauvres parents atteints de surdité précoce à cause des cris de leur progéniture, une aubaine pour les communes vu l'augmentation du poids des ordures ménagères, un nouveau militant pour tout et rien (surtout rien), un énième chômeur, un miracle pour les vendeurs de congélateurs... Toussa !

Bref, en fait, tout est parti d'un truc tout con. Du 10 au 15 octobre 2012, j'ai fini ma dernière boîte de Tampax®. Ouais, c'est moche. Et comme j'avais pas envie d'en racheter, l'Homme s'est mis à l’œuvre, plusieurs fois même.

Puis le temps est passé et le moment tant redouté est arrivé. Le mercredi 07 novembre 2012. La date à laquelle je devais avoir besoin de nouveaux Tampax®. Note que j'aime le risque. J'aime vivre dangereusement et je n'avais pas racheté de bouchons.
Ce jour là, c'était une victoire économique ! Le Niagara n'était pas apparu ! Ni le 08, ni le 09, ni le 10, ni le 11, ni le 12, ni le 13... J'allais faire fortune !



Puis, pris d'un élan de lucidité, le Mâle s'est quand même dit dans le dedans de lui-même, qu'il serait peut-être opportun de faire un test, juste histoire de savoir quoi ! Il est pas bête des fois l'Homme !

Quant à moi, je ne voulais pas savoir... Oui, contrairement au Mâle je suis bête par contre !
En fait, j'avais peur d'être déçue. Peur de devoir racheter des cargaisons de bouchons pour éponger ce que mon corps n'avait pas voulu produire.

Et, le 12 novembre 2012, l'Homme est donc rentré à la maison avec LA boîte. Un joli packaging bleu ciel et blanc. D'ailleurs, ça coûte un bras ce truc, tout ça pour pisser dessus...
Bref ! Je n'avais donc plus le choix. J'ai pris la boîte, toute tremblante, en lui disant merci quand même parce que je suis polie. Et puis je l'ai posé sur la petite table de l'entrée. Celle où il y a plein de bordel dessus. Souvent un saladier rempli de clés, de pièces de 1, 2 et 5 cts, de piles usagées, de lacets de chaussures pétés, de stylos qui marchent plus, de boutons de vêtements qui étaient cousus à l'étiquette et de toutes ces charmantes choses qui parfois souvent ne servent à rien, mais que tu n'oses pas jeter...
Mais je l'ai posé sur le dessus, pour ne pas l'oublier (comme si c'était possible...), car bien entendu, je n'allais pas le faire tout de suite.


J'ai bafouillé à l'Homme qu'il valait mieux le faire le matin. Là où les urines sont le plus concentrées (j'espère que tu es à table. Allume la TV, avec un peu de chance tu auras aussi la pub sur les mycoses d'orteils...). Chose qui est tout de même préconisée sur la notice, mais je ne l'avais pas encore lu. Oui, faut pas sortir de Saint Cyr pour savoir comment ça marche !

Le 13 novembre 2012, je n'ai pas fait le test non plus. J'ai oublié. Enfin c'est ce que j'ai dit à l'Homme. Il était pas content d'ailleurs...

Le 14 novembre 2012, je ne pouvais pas oublier « encore », il aurait fini par mal le prendre (bin oui, un truc qui coûte plus de 10 euros merde quoi ! Non, c'est pas la vraie raison...).
Sauf que je me suis levée à la bourre pour aller bosser, donc j'ai pas eu le temps.
Alors à midi, j'ai lu la notice (aucun commentaire). J'ai lu le truc « le matin alors que vous avez peu bu, le taux de HCG est beaucoup plus important et le résultat en sera plus éloquent. Il est donc recommandé de faire le test le matin avec les premières urines ». De toute façon, les HCG, je savais pas ce que c'était et l'Homme allait rentrer dans 10 minutes alors je me suis vidée allègrement sur la bandelette du stylo test (ouais ils appellent ça comme ça). Sont sympa, z'avaient mis un gant dans la boîte (chose non futile d'ailleurs). Après, faut patienter 1 à 2 minutes qu'ils disent, mais pas plus parce que le test peut virer.



Et là, j'entends l'Homme qui rentre. C'était les 10 minutes les plus rapides et les plus angoissantes de ma vie. Je sors comme une furie des toilettes, l'air de rien (que j'essaie). Mon cœur bat à 8000. Je lui souris bêtement. Tellement bêtement qu'il comprend qu'il se passe un truc, là, pas loin, dans les WC. Il me demande si ça va. J'ai la voix qui tremble et mes yeux sortent de mes orbites comme si j'avais avalé un cachet effervescent sans eau. Je retourne aux toilettes, comme prise d'une envie pressante. Et là je vois le résultat. J'ai du mal à me contenir. Je reste assise sur la cuvette quelques instants... Je jette un dernier coup d'œil sur la notice (toujours aucun commentaire) pour vérifier ce que signifient une ou deux barres dans la fenêtre de lecture. Puis je revérifie.

Bon c'est pas compliqué hein, même si comme moi t'as séché tous tes cours de chimie au lycée...

Un jour, je suis quand même sortie des WC. J'ai avoué à l'Homme qui ne s'en doutait absolument pas « j'ai fait le test », sur le même ton qu'une petite fille dirait à son père « j'ai fait une bêtise ». Forcément, tenu par le suspens il me répond « alors ? ». Et moi de lui répondre avec une originalité déconcertante : « c'est positif », trop émue pour rajouter quoi que ce soit. Ah si, je lui ai dit « attends, il faut que je revérifie ». On n'est jamais trop prudent hein ! C'était toujours positif.




Et c'est là que tout a commencé.